
Pour libérer l'esprit du carcan religieux, ils se sont faits les assassins de Dieu. Pour ériger la pensée individuelle, ils ont détruit l'instinct de communauté. Pour affranchir l'Homme de tout ce qui était censé l'aveugler ou l'emprisonner, pour lui permettre d'exploiter toute la richesse de l'intelligence propre à son espèce - intelligence dont on savourera les fruits pendant les deux siècles qui suivirent - ils ont écrasé ceux qui les avaient précédés.
Mais les Lumières ne sortent pas de nulle part. Elles ne constituent pas une rupture dans notre histoire.
Les philosophes modernes qui ont voulu rompre avec la tradition chrétienne n'en étaient en fait que les enfants rebelles. Car tout cela participe en réalité de la même idéologie. La volonté de l'Unique. L'espèce humaine une et indivisible, ce vers quoi il faut tendre, et tous les bons hommes de cette Terre propulsés sur un pied d'égalité sans même leur demander leur avis...
Leur principe fondamental, l'universalisme, était déjà présent dans la parole du Christ. La Déclaration des Droits de l'Homme, officialisée par la suite comme Universelle, n'est que l'extension politique de l'amour du prochain. Elle est au christianisme ce que la charia est à l'islam.
Des valeurs chrétiennes devenues folles ? Oui mais des valeurs chrétiennes d'abord ! Et dans leur plein épanouissement... dans leur naturelle évolution... Un corps qui comporte le mauvais germe ne peut que décliner... en vérité le christianisme est devenu ce qu'il a toujours été, débarrassé de toute puissance blanche, puissance qu'il a grignotée à l'usure comme l'érosion bouffe les montagnes...
Comment rester sain lorsqu'on demande à l'Européen de voir en chaque homme sur Terre son propre frère... d'aider toute la faiblesse, toute la misère du monde... Qu'elle est lourde cette croix ! Qu'elle se fout de la nature ! Qu'elle est névrotique... le symbole chrétien lui-même représente une défaite. Une complaisance dans la souffrance. Dans la mort. La mère de notre déliquescence est là. La pensée de laquelle résulte notre décadence protéiforme. De la culpabilisation du fort à la vénération du faible, de l'amour de l'autre à la haine de soi, du royaume pour chacun au mélange de tous... la grande dilution... Le péché originel.
Alors, devons-nous être des bons chrétiens jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une église sur notre sol ? J'ai hâte de voir tous ces prêtres, curés, chrétiens pratiquants ou non, tous décapités par ceux-là même qu'ils auront laissé entrer, à grands coups de charité et d'hospitalité, de pardon et de rédemption...
Il est temps de passer à autre chose. Si ce monde veut crever, qu'il crève. Sa maladie est de toute façon incurable. Mais pour nos enfants, pour ceux qui savent, pour ceux qui ont compris, pour un éventuel demain, il nous incombe de penser autrement. Ailleurs. Faire le deuil de ce monde à bout de souffle et endosser la lourde tâche d'en imaginer un autre. S'en extirper tant bien que mal, et au-delà.
A la fois dramatique et incroyablement exaltant... ce n'est plus une page qui se tourne, mais un livre qui se ferme.
Publié par xyr
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