mardi 2 décembre 2008

Claude-Lévi Strauss


Il serait, en effet, urgent de le lire plus que de le célébrer.

Quelqu’un qui ne connaît rien à l’œuvre de Lévi-Strauss et qui s’y intéresserait au moment de son centenaire pourrait en avoir une vision étrange à la lecture des articles sur l’internet ou en regardant les reportages télévisés : Lévi-Strauss anthropologue et ethnologue, portant un regard bienveillant sur les fétiches Arumbayas, partant tel un précurseur de Nicolas Hulot étudier les peuplades amazoniennes. S’il n’a pas Yann Arthus-Bertrand avec lui pour faire l’Amazonie vue du ciel, c’est sans doute qu’à l’époque la photographie aérienne n’était pas très au point. Et son marketing non plus. Ce n’est pas lui par hasard qui a lancé le mouvement pour que les indiens d’Amazonie retrouvent leurs terres ancestrales qu’ils ont toujours su si bien mettre en valeur ? Ah non ? oh il aurait mérité que ce fût lui pourtant… On s’attend presque au déodorant Lévi-Strauss à l’extrait de perlimpinpin amazonien issu du commerce équitable.

Ce torrent d’inanités creuses et de stupidités laisse un peu pantois.

Seule France Culture semble avoir ressorti quelques émissions d’archives intéressantes. Car elles laissent parler Claude Lévi-Strauss et pas des crétins affligeants qui veulent à tout prix que le geste pour la planète d’Évelyne Dhéliat soit le sommet de la pensée morale et les chouineries sur la banquise de Jean-Louis Étienne la plus haute expression de la pensée scientifique depuis Newton ou Galilée.

Et que dit Lévi-Strauss ? Qu’il s’emmerdait ferme sur le terrain, que ces peuplades sont stupides, enfermées et aliénées dans une pensée magique qui, précisément, les empêche de penser, et qu’il n’a pour elles en tant que telles aucun intérêt. Si Claude Lévi-Strauss va en Amazonie ce n’est pas par amour des indiens. C’est parce que ces sociétés tropicales tristes permettent de comprendre par leur simplicité primitive des structures qui se retrouvent inenvisageables sans ce biais dans nos sociétés plus complexes où elles sont pourtant bien à l’œuvre.

Point de mystique niaise ou d’admiration crétine des arts primitifs ici.

Car si Claude Lévi-Strauss est si important, ce n’est pas pour avoir étudié telle ou telle peuplade isolée d’Amérique du sud, travail qui l’aurait alors fait connaître d’un petit public de spécialistes et qui aurait eu sa place dans les bibliographies de thèses. C’est bien pour son rôle dans le développement de l’anthropologie structurale et, au-delà, du structuralisme.

Il serait dommage que le blabla satisfait de quelques cultureux parisiens rotant leur thé Max Havelaar au Quai Branly le fît oublier.

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